dimanche 8 avril 2007

LA DERNIERE FOIS C'ETAIT DE MA FAUTE

c'était de ma faute la derniére fois......
En ce début d’année, je suis en actuellement en période de remise en question dans différents domaine de ma vie. J’ai eu envie de coucher par écrit mes souvenirs de 15 ans de travailleur social. Printemps 2002, je fais mon service militaire comme objecteur de conscience dans un Institut Médico Educatif.Les jeunes qui sont dans cet établissement sont tous déficients intellectuels et préparés a travailler dans un Centre d’Aide par le Travail. Leur prise en charge s’arrête généralement à 20 ans. Certains sont à l’internat d’autres en famille d’accueil et pour les plus chanceux ? (enfin on pourrait le croire) ils rentrent dans leur famille le soir C’est justement le cas de Carine, jeune ado dans toute sa splendeur : arrogante et insolente comme pas deux. Mon rôle, dans cet établissement est de boucher tous les trous ou il manque un membre du personnel éducatif. Aujourd’hui, j’accompagne un groupe à une exposition d’oiseaux en cage et Carine fait partie de la sortie. J’espère que ça va bien se passer parce que ce matin ont s’est pris la tête à cause d’un papier qu’elle a jeté par terre et qu’elle ne voulait pas ramasser. Durant la visite, je viens voir le petit groupe que Carine a formé autour des cages de canaris et me regarde avec un petit sourire en coin, elle tape sur les cages des piafs qui s’affolent, sous le regard scandalisé d’un perroquet du gabon. Je vais la voir et lui dis « Carine ne tape pas sur les cages » , elle se tourne vers moi et me fixe droit dans les yeux « Carine t’emmerde » ,la gifle qu’elle prend la fige sur place et moi aussi d’ailleurs. Je regrette mon geste immédiatement, mais trop tard c’est fait, d’ailleurs à mon retour le directeur me rassure et m’avoue que de temps en temps ça peut arriver, mais quand même, ce matin en me levant, je ne me suis pas dis que j’allais coller une tarte à une gamine de 15 ans et puis si je commence comme ça ma carrière autant rester auprès de mes géraniums.2 ou 3 jours après je me retrouve à la même table que Carine lors du déjeuner. Nous échangeons quelques banalités et puis je décide de reparler de cette histoire .Mais pas en direct plutôt en biaisant le truc, j’aborde la violence en général puis la difficulté qu’on certains jeunes à faire confiance et que du coup pour se protéger ils se réfugient dans la violence et l’agressivité. Je dis aussi qu’il existe des endroits ou l’on peut faire confiance à l’adulte et que l’I.M.E. en fait partie et que même si à la maison ça peut être dur ,les éducateurs sont là pour aider ceux qui en ont besoin. Carine a arrêté de manger, elle posé sa fourchette et me fixe, il n’y a plus personne ses camarades de classes n’existent plus : il y a juste elle et moi :« tu sais la dernière fois c’était de ma faute - de quoi parles tu Carine- ben, je n’avais pas fermé ma chambre à clef et puis …. »Elle se tait…..et me regarde en me demandant de comprendre ce qu’elle veut dire sans avoir à continuer et à entrer dans les détails. J’ai le sentiment, que toute forme de discussion n’a plus sa place au réfectoire. Je lui propose que l’on s’isole et appelle le chef de service pour qu’il entende ce que Carine a besoin de dire .Elle parle, alors des attouchements paternels et autres saloperies L’après midi même c’est la réunion de service, bien entendu, l’histoire de Carine est évoqué, et l’on réfléchis à la façon de la protéger dés ce soir. Je sais que justement il y a un lit qui se libère dans les appartements thérapeutiques et j’en parle à l’ensemble de l’équipe et dans le social toute décision se doit d’être adoptée par la sacro sainte équipe, ce qui à pour effet finalement en règle générale qu’un grand nombre de projets ou de décisions sont abandonnés faute d’avoir eu le temps d’y réfléchir ou carrément oubliés entre 2 réunions. Et là encore pas de décision prise il faut laisser le temps au temps encore une belle phrase du social .Mais bon j’insiste quand même parce que merde quand même la gamine, elle ne va pas rentrer chez elle comme ça et puis on lui a dit qu’on devait la protéger il va de notre crédibilité. Et bien si, ce soir Carine rentrera car une éducatrice estime que le lit doit revenir à une autre jeune dont la famille d’accueil a prévue de sortir ce soir, et puis finalement un soir de plus pour Carine ou un soir de moins………Et puis qu’est ce que pèse dans la balance l’avis d’un objecteur de conscience en face d’une éducatrice spécialisée. Le soir, en montant dans ma 4L je vois Carine rentrée chez elle j’ai tellement honte que je n’ose pas la regarder Avant d’aller au lit, je décide de coucher tout sur papier histoire d’exulter, ça ne m’empêchera pas de passer une nuit blanche. Les vacances ont passée et Carine est partie vers d’autres cieux et moi aussi ensuite. Quelques années plus tard, en faisant mes courses dans une grande surface, je vois une jeune femme se diriger vers moi avec un grand sourire, je la reconnais immédiatement Carine, elle me salue et me dis une simple phrase qui fera partie de ses phrases que je garderai toujours au fond de moi « Merci !!! Grâce à toi ma vie est belle maintenant ».Je la regarde,La sert dans mes bras et lui dépose une bise sur la joue et lui souhaite bonne chance pour le reste de sa vie. Ce jour là, j’ai même pas râler après le montant exorbitant de mon ticket de caisse, bon dieu que la vie est belle, ….enfin parfois …………….

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