dimanche 10 juin 2007

Le plus cadeau que l'on m'est fais

Depuis quelques jours,je sais pas pourquoi, je repense beaucoup à mon ancien travail.
Comme j'ai pu le dire et le décrire dans mes premiers textes de mon blog, j'ai dans le cadre de mon métier d'éducateur accompagné des personnes durant 4 ans en fin de vie.

Je repense notamment à un monsieur qui présentait une cardiopathie telle à son arivée qu'une prise en charge spécifique était nécessaire.Notre premiére rencontre a été trés houleuse, c'est le moins que l'on puisse dire.C'est d'ailleurs bizarre , j'ai remarqué que les relations avec les gens qui me marquaient débutaient souvent par un accrochage, comme s'il était normal de s'affronter pour jauger les capacités de l'autre pour ensuite savoir si l'on peut lui faire confiance.

Monsieur Batelier était un homme qui souffrait beaucoup et sa souffrance se manifestait par une certaine agressivité, notamment vis à vis du personnel soignant de la maison de retraite.
Mais au fil du temps nous avons pu lier des liens.
Un jour d'hiver , alors que je lui faisais sa toilette, il m'a confiait qu'il n'avait qu'un regret c'est de partir sans avoir revu son village natal , la maison où il avait vécu tant d'années de bonheur avec son épouse.Je lui ai promis alors que si son état le lui permettait, je l'emmenerai moi même au printemps.
L'hiver s'est passé avec ses jours gris et quand le printemps est revenu ,Monsieur Batelier s'est rappellé à mon bon souvenir en ce qui concerne ma promesse.
Son état de santé c'était sérieusement dégradé durant ces derniers mois et cette sortie, m'inquiétait quelque peu, j'avais d'ailleurs failli l'annuler mais ses larmes à l'annonce de mes craintes m'avait fait changer d'avis.
Nous sommes donc partis par une superbe journée de mai au cap fréhel avec d'autres résidents.
Monsieur Batelier était aux anges, j'avais du arnacher trés solidement les bouteilles d'oxygéne qui lui permettait de respirait à l'arriére du véhicule.
Aprés une heure et demi de route, nous sommes sommes arrivés dans son village, avons fais le tour des lieux qui pour lui étaient chargés en souvenir et sommes allés voir rendre une visite à son frére qui vivait à quelques pas d'ici.
Ce que j'ignorai , c'est que Monsieur Batelier avait préméditait sa visite ; et d'une simple visite nous étions atttendus à manger.
Nous avons ce jour là passé une journée extraordinaire et quand est arrivé le moment du départ chaqun à caché sa petite larme, car personne n'ignorait que ce serait sûrement le dernier voyage de Monsieur Batelier.
Les semaines sont passées et son état s'est dégradé trés rapidement, mes visites quotidiennes furent l'occasion de nous rapprocher encore plus, jusqu'à évoquer sa mort, et ce qu'il voulait por ses funérailles et surtout d'être l'intermédiare entre lui et ses filles pour en parler.
Un jour,alors que le le soleil de sa vie se couchait, entre 2 sommeils, il m'a dit que la mort lui faisait peur et encore plus le fait de mourrir seul. Je lui ai promis d'être là, lorsque le moment viendrait.
Un soir avant de partir du travail, on m'a appellé pour Monsieur Batelier, le moment de nous quitter arrivait.
A mon entrée dans sa chambre, sa respiration en apnée, son teint blafard, la froideur de ses mains ne faisaient plus de doutes de son départ imminent.
Je me suis, comme à mon habitude, assis prés de lui sur son lit,et lui ai pris la main, il s'est reveillé, m'a souri et m'a fait le plus beau cadeau que l'on m'ai jamais fait il a pronocé ces paroles qui sont pour moi inoubliables :" tu sais , en arrivant ici , j'étais trés malheureux, je ne savais pourquoi je devais venir , aujourd'hui, je le sais c'est parce que je devais rencontrer quelqu'un et ce quelqu'un c'était toi !!"
Il s'est éteint entouré de l'affection de ses filles,quelques minutes plus tard, moi je m'étais retiré et été parti courir pieds nus sur la plage.

NB: les noms ont été modifiés, et voir les autres textes écrits courant avril

Aucun commentaire: